Valenciennes, le 8 juin 2021

Lettre ouverte

Monsieur le Maire,

La situation pandémique, synonyme de suspension de l’activité associative, n’a, en revanche, nullement mis en sommeil notre vigilance. Créée en 1998 à l’instigation du maire de Valenciennes d’alors, Jean-Louis Borloo, notre association est notamment la gardienne scrupuleuse des dons reçus en vue de la restauration de la Basilique Notre-Dame du Saint-Cordon, contributions dont le montant significatif traduit un authentique attachement à l’un des derniers édifices emblématiques de notre cité. Il n’est nul besoin de retracer l’histoire tourmentée de Valenciennes sur le plan patrimonial où l’on a que trop souvent déploré la disparition de nombre d’édifices et monuments pour de multiples raisons, dont, entre autres, une carence d’entretien trahissant une coupable apathie ou tout simplement une indifférence couplée à une vision de court terme.

Si l’on peut aisément comprendre que les circonstances des derniers mois aient pu faire prévaloir d’autres priorités, nous nous permettons néanmoins d’être encore et toujours étonnés, si ce n’est consternés, par cette opacité récurrente entourant le dossier de la restauration de la Basilique. Il est d’ailleurs symptomatique que le jugement rendu par le tribunal administratif de Lille le 23 avril 2019 n’ait donné lieu à la moindre communication de la ville, ne fût-ce que par la bouche de l’élu municipal en charge du patrimoine pourtant bien présent lors de notre dernière assemblée générale du 30 novembre 2019 (cf. compte-rendu, en ligne sur notre site basilique.saint-cordon-valenciennes.fr). C’est d’autant plus regrettable que cette décision juridictionnelle, si elle confirme bien un certain nombre d’éléments déjà divulgués, n’en dévoile pas moins des points de nature à susciter de vraies interrogations.

Sans entrer outre mesure dans le détail des 13 pages du jugement, il y est fustigé, à juste titre, la faute tant des prestataires de travaux que de la maîtrise d’œuvre, reconnus responsables solidairement des dommages causés à la basilique lors des travaux de restauration de 2007-2008. Le maître d’ouvrage est dédouané de tout manquement à ses obligations, seul point pour lequel la ville n’avait pas rechigné à nous informer… en omettant juste le fait qu’avait été (enfin) rendu le jugement en première instance. Mais l’on ne peut s’en tenir à ce seul constat, fût-il majeur, d’autant que le montant de l’indemnisation obtenue paraît pour le moins décevant (3 678 133, 95 €) au regard des conclusions initiales portées par la ville requérante.

A cet égard, la lecture de la décision interpelle par certains aspects comme l’insuffisance soulevée d’entretien du bâtiment antérieurement aux désordres provoqués par les calamiteux travaux de 2007-2008 (ainsi la quasi inexistence de couvertines de protection), ou plus encore le défaut d’engagement de la ville quant à la poursuite du programme entamé par les municipalités précédentes occasionnant dès lors le rejet de X euros au titre de l’indemnisation de l’évolution du coût de la construction sur plusieurs années pour des montants importants. Au surplus, l’on doit tout autant pointer le refus d’indemnisation de la perte des subventions publiques, alors non négligeables, accordées par l’État et la Région pour le projet initial toujours au motif de cette carence d’engagement de la ville à reprendre les travaux. Et si les travaux de mise en sécurité avec réparation des dégâts causés au niveau de la jonction de la première travée de la nef avec le clocher ont bien été menés avec succès en 2019, on ne peut s’empêcher de remarquer qu’ils auraient pu être menés dès… 2014 aux dires des magistrats administratifs. Enfin, il est pour le moins incongru et navrant de relever la non production de pièces à l’appui du préjudice d’image pourtant pertinemment invoqué.

Il semblerait qu’appel ait été interjeté (mais par qui ?) sans qu’une fois de plus la moindre communication officielle nous ait été fournie et seule notre curiosité, satisfaite partiellement par une lecture opportune de certains documents budgétaires municipaux ou de rapports instructifs de la chambre régionale des comptes, nous permet de glaner quelques bribes d’information.

Cette désolante rétention d’informations nous paraît d’un intérêt discutable et pour tout dire incompréhensible et elle pourrait en fin de compte instiller un doute pernicieux quant à la sincérité de l’engagement affiché de la municipalité à sauver la Basilique. Nous profitons d’ailleurs de l’occasion pour rappeler les engagements réitérés lors de nos dernières assemblées générales en vue de l’organisation d’une réflexion globale et collaborative entre les divers acteurs intéressés (laquelle ne saurait se réduire à un seul échange étriqué entre le propriétaire et l’affectataire cultuel) portant sur le devenir de cet imposant édifice inscrit au titre des monuments historiques et abritant des orgues classés.

 

Dans l’attente d’une réaction que l’on ose espérer, je vous prie de croire, Monsieur le Maire, en l’assurance de nos respectueuses salutations.

Alexandre Bonduelle,

Président de l’association pour la restauration de la basilique Notre-Dame du Saint-Cordon de Valenciennes.

 

Notre site : basilique.saint-cordon-valenciennes.fr