Le triomphe de Notre Dame du Saint Cordon
Le chantier de Valenciennes démarre le 1er juin 1852. Théoriquement il doit durer six ans. L’archevêque de Cambrai, Mgr Régnier, bénit la première pierre le 13 septembre de la même année. Toutefois, très vite les difficultés financières s’amoncellent et ralentissent la bonne marche des travaux. Afin d’y remédier, en 1855, l’Abbé Pique et le conseil de fabrique décident la cession à la municipalité du terrain et de la souscription. Désormais, la ville vote chaque année une subvention qui s’ajoute au produit de la souscription pour alimenter la poursuite du chantier. L’effort soutenu et régulier de la municipalité porte ses fruits. La consécration du sanctuaire peut avoir lieu le 4 mai 1864 et son inauguration solennelle le lendemain 5 mai. Douze années ont été néanmoins nécessaires pour mener l’entreprise.
À cette date, l’ornementation du monument est également bien avancée: le maître-autel, les retables et les vitraux sont en place ; les autels des chapelles latérales et le reste du mobilier rejoindront le sanctuaire au cours des années suivantes. Très vite la grande cohérence et l’harmonie du monument s’imposent. Ses dimensions reprennent à peu près celles de Notre Dame la Grande, l’ancien monument disparu à la Révolution : 68 m. 50 de longueur, 26 m. 80 de hauteur à la croisée du transept. Le clocher est inachevé avec ses 83 mètres. La flèche atteindra sa hauteur définitive durant l’Entre-dDeux-Guerres.
Orienté au sud-ouest, son chevet à déambulatoire et trois chapelles rayonnantes, d’inspiration normande, s’intègre au parcellaire étroit de la Place des Ursulines. Le transept percé de portails élargit la perspective du déambulatoire et assure l’autonomie du sanctuaire, disposition indispensable pour une église de pèlerinage. La nef encadrée de bas-côtés présente cinq travées. Son élévation à trois niveaux évoque le modèle d’Amiens et donne une grande transparence à l’édifice. Les piles circulaires cantonnées de quatre colonnes engagées et les chapiteaux à crochets reprennent cette illustre référence.
La façade est plus austère. La tour porche qui clôture la perspective de la rue de Hesques, réinterprète le Clocher Vieux de la cathédrale de Chartres. Les trois portails, les tourelles polygonales épaulant la tour, les deux niveaux de clochetons ajourés et les tabernacles cantonnant la flèche octogonale composent une pyramide audacieuse
Telle quelle, Notre Dame du Saint Cordon, qui sera érigée au rang de basilique mineure le 10 septembre 1922, présente une grande unité architecturale et décorative. La présence dans la ville d’une École Académique de haut niveau explique les choix artistiques réussis en matière de mobilier et d’ornementation peinte et sculptée qu’il conviendrait aussi d’analyser et d’étudier avec précision. L’église offre ainsi une prestigieuse synthèse artistique. Elle représente une étape essentielle du renouveau de l’architecture et de l’art sacrés dans les régions de la France septentrionale. Elle est aussi un vivant témoignage, devant les générations futures, de la parfaite harmonie qui règne depuis presque deux siècles entre l’Hôtel de Ville et la paroisse Notre Dame à Valenciennes.
C'est au sein de ce petit cercle d'initiés que mûrit le projet d'un grand concours international pour la construction d'une vaste église gothique du XIIIe siècle. L'Abbé Hyacinthe fournit l'occasion d'une première compétition à l'occasion de la construction de Notre dame du Saint Cordon en 1850.
Marie-Josèphe LUSSIEN-MAISONNEUVE
Maître de Conférences d’Histoire de l’Art