Origine

La Procession de Valenciennes fut instituée dans cette ville, par le Magistrat, en reconnaissance de la faveur signalée d'un Cordon précieux dont la sainte Vierge l'entoura, en 1008, pour la délivrer du fléau de la peste.

On la célébrait le 8 septembre, jour de la fête de la Nativité de la Vierge. La procession se composait du Magistrat ; du Clergé des paroisses, avec les châsses contenant les reliques ; des religieux de toutes les abbayes du voisinage ; des ordres mendiants, avec les châsses de leurs Saints ; de la Confrérie du Saint Cordon, dont les membres prenaient le nom de Royés ; des Corps de métiers avec leurs insignes ; des pauvres des Hospices; et des compagnies bourgeoises. Cette procession sortait de l'église vers dix heures du matin et traversait la ville. Elle suivait exactement la route, que le Cordon leur traçait sur le circuit de deux lieues de chemin, environ 18 km.

La fierté est la principale pièce et le Cordon qui y est renfermé, la relique qui appartient le plus directement à la solennité dont nous parlons. C’est une espèce de gage par lequel il semble que la Sainte Vierge ait voulu s’attacher spécialement la ville de Valenciennes. Aussi ce peuple pénétrait ces sentiments de la plus haute reconnaissance, pour marquer sa sensibilité sur cette glorieuse distinction, ne portait-il jamais cette précieuse relique dans tout le long circuit de la procession que   pieds nus.

Un règlement du temps du comte Guillaume le Bon (1304-1337) parle du chemin de la procession comme une référence ancienne et connue de tout le monde. Il s’agissait dans cette pièce de définir le circuit que devait suivre le prévôt le comte pour amener à son château les prisonniers faits en campagne. En effet s’il avait franchi impunément les limites de la banlieue et de la ville, ses prisonniers auraient pu se réclamer de la franchise dont jouissait Valenciennes et auraient été immédiatement élargis. Un itinéraire circulaire avait été soigneusement balisé pour assurer le passage de ces délinquants, itinéraire qui coïncidait en de nombreux points avec le chemin de la procession. L’argument est d’autant plus fort que ce règlement ne constituait en rien une nouveauté, mais cherchait simplement à rétablir une situation ancienne violée à plusieurs reprises par les sergents du prévôt le comte. Il parait donc évident que la procession du 8 septembre existait déjà au moins vers 1250. L’histoire des confréries chargée d’organiser cette manifestation (Royés, Damoiseaux) mène également à cette conclusion.

Cette procession depuis lors s’est toujours accomplie chaque année, fidèlement au serment des valenciennois à leur Reine des Cieux., et n’a été interrompue que par d’exceptionnels évènements qui ont jalonné son histoire.

A travers les âges, avant 1900

La procession avant 1900

Tout d’abord en 1566, la fierté de Notre Dame, tombée entre les mains des Huguenots fut brisée et rompue, mais les pièces et reliques furent sauvées et portées en la maison de la ville où le tout fut conservé.

Après le siège en règle, Valenciennes rentre sous l’autorité de Marguerite de Parme et, au mois de Septembre, la fierté ayant été réparée, on fait de nouveau la reconnaissance officielle et la déposition des reliques, le procès-verbal est signé par Dom Michel du Quesnoy, abbé d’Hasnon. Les révisions du contenu de la châsse avaient eu lieu en 1392,1531, 1566.

Tous les Royés de ce temps là, dont les noms étaient gravés sur la nouvelle châsse, n’étaient sans doute pas disparus en 1567. Leur témoignage était une précieuse confirmation de celui de l’abbé d’Hasnon.

Notre châsse restaurée céda la place en 1661 à une dernière plus grande et plus riche, la déposition des reliques s’y fit le 7 Septembre, par Dom Mathias Le Roux, abbé d’Hasnon. L’acte en a été dressé et signé du dit jour. Aucun doute ne s’est élevé sur le contenu de la châsse du Saint Cordon.La révolution avait interrompu, dès l’année 1794, le tour officiel du Saint Cordon, mais elle était loin d’en avoir aboli le souvenir. En 1802, avec le Concordat, trois nouvelles paroisses s’étaient formées, Saint Géry, Saint Nicolas, Notre Dame. Cette dernière annonce dès 1804 :

«Qu’en raison de la puissante protection dont la Sainte Vierge entoura Valenciennes, la procession est rétablie.» Cette procession sortira de l’église Notre Dame à 9 heures précises, marchera sur le rempart vers la porte de Cambrai, fera le tour de la ville et retournera à la paroisse.

Dès 1804, les Royés travaillèrent à faire revivre le culte de Notre Dame. En 1808, l’année centenaire, la procession ne put se dérouler que sur les remparts de la ville. Il en fut ainsi pendant la durée des guerres de l’Empire.

En 1814, les Royés obtiennent de M Benoist, maire de Valenciennes la permission de faire le tour de la procession en dehors de la ville, comme cela se pratiquait avant la révolution. En ces années de restauration, la procession est redevenue officielle.

En 1848, Valenciennes est atteinte par une terrible épidémie du choléra, le 8 Juillet une procession extraordinaire en l’honneur de Notre Dame est demandée, celle-ci fait le tour des remparts, et vingt à trente mille personnes y prennent part. L’épidémie a cessé, au mois de Novembre, un Te Deum d’actions de grâces est chanté.

Après 1900

Ce ne fut pas sans étonnement que, le 5 Septembre 1906, on apprit que le Préfet interdisait la procession. Les socialistes s’en prenaient au catholicisme et dressaient cortège contre cortège, le jour du tour Saint Cordon. Le maire se refusa à interdire la procession. Le jour même de la fête de Notre Dame, les catholiques de Valenciennes passant outre les conseils de prudence du clergé, se saisirent de la statue vénérée et fendant la foule, ils firent le tour de la ville, précédés, suivis, et souvent attaqués par les contre manifestants. Leur audace avait réussi et la liberté reconquise.

Le couronnement avait été comme le rayonnement extérieur de la royauté de Marie, la procession du 11 Septembre marque une date dans les annales, une foule immense est estimée à près de cent mille personnes. En 1913, la Vierge du Saint Cordon encadrée de nombreux gendarmes et d’agents fait une sortie très mouvementée. La procession est troublée par de nombreux incidents.

La grande guerre 1914-1918

Le 25 Août 1914, Valenciennes est envahie par les allemands, l’église Notre Dame est réquisitionnée, le tour est interrompu. Dès les premiers jours, la statue avait été exposée dans le chœur, et chaque année durant la neuvaine, une foule recueillie se pressait dans l’église. Le 10 Octobre 1918, la population valenciennoise recevait des allemands l’ordre d’évacuer. Bientôt ce fut l’exode, des combats acharnés se livrèrent sur les bords de l’Escaut. Le 11 Novembre c’est l’armistice, Notre Dame retourne dans son sanctuaire le 2 Décembre.2

Notons encore en 1925, dans ces années de forts courants politiques, la décision du maire d’interdire non pas la procession, mais la sortie de la Vierge. L’arrêté de M Théry, maire concernant la procession est annulé par le conseil d’Etat en Août 1927.La fin de la seconde guerre mondiale reste marquée dans le souvenir de nombreux habitants de l’arrondissement de Valenciennes, par la visite que fit la statue de la Vierge portée en procession, aux paroisses environnantes.

La seconde guerre mondiale 1939-1945

Le pays encore occupé, le dimanche 30 Juillet 1944, la statue de Notre Dame accompagnée de prêtres, Royés et laïcs, sort de la basilique. Elle voyagea la nuit, et stationna le jour dans les églises des villes et villages suivants : «Marly, Saint Saulve, Onnaing, Vicq, Crespin, Blanc-Misseron, Quiévrechain, Quarouble, Rombies, Estreux, Sebourg, Curgies, Saultain, Préseau, Artres, Aulnoy, Famars, Quérénaing, Maing, Thiant, Haulchin, Wavrechain, Denain, Douchy, Noyelle, Neuville, Lieu-Saint-Amand, Bouchain, Marquette, Wavrechain sous Faux, Roeulx, Abscon, Escaudain. Elle se trouvait dans cette dernière localité le 1er Septembre, jour où la débâcle allemande s’affirme et quand est signalée l’arrivée des troupes américaines. La ramener à Valenciennes n’est pas aisé, tous s’y mettent, Clergé, Royés, gens de bonne volonté, hissant la statue sur une charrette qu’ils traînent ensemble. Arrivés à la Sentinelle, il faut affronter le passage de l’Escaut ; un groupe parti de Valenciennes va se joindre à l’autre et la Vierge est reconduite sous les balles à sa Basilique, le soir du samedi 2 Septembre sans que nul ne fût blessé. Une fois encore la Vierge avait miraculeusement délivré Valenciennes. Le 10 Septembre1944, la procession solennelle revêt une importance toute particulière, car c’est également la fête de la délivrance, et la fête de la reconnaissance pour la protection dont a joui notre région durant ces derniers évènements. Cette reconnaissance, les Royés accompagnés d’une nombreuse foule de fidèles ont amené Notre Dame du Saint Cordon dans la plupart de communes de la périphérie de leur bonne ville de Valenciennes.

Nous sommes persuadés que la procession du tour Saint Cordon 2008, année du millénaire, revêtira un caractère exceptionnel. Marie, Notre Dame du Saint Cordon, plus resplendissante encore, portera son regard bienveillant sur les pèlerins et son rayonnement s’étendra bien au-delà de nos frontières.